3ème étape : Trinidad

9 au 14 mai

Après un voyage de 250 km depuis Camagüey, nous avons rendez-vous avec Rogelio Inchauspi Bastida qui nous ouvre le premier étage d' une ancienne maison coloniale du XVIIIème, première pharmacie de la ville puis consulat d'Espagne.

Et là, on est les rois du monde ! Quelle maison de caractère ! J'adore. De l'immense terrasse, la vue sur la ville et jusqu'à la mer est superbe.

La terrase de notre maison

Et ce qui ne gâte rien, Rogelio et Barbara sont gentils, disponibles et de bons conseils. Nous décidons, au cours de notre séjour, de rester dans cette maison jusqu'à notre retour aux bâteaux tellement nous y sommes bien et de rayonner de Trinidad vers Cienfuegos, le massif de l'Escambray, la vallée de los Ingenios et Santa Clara.

Vue du toit de notre maison de Trinidad

Trinidad, ville de 45 000 habitants est un joyau d'architecture coloniale. C'est lors de son époque glorieuse des riches plantations sucrières au XVIIIème que la ville se pare de palais et demeures rivalisant entre elles de beauté pour asseoir la puissance de leurs propriétaires.

C'est à qui aura la plus...g...belle! Après la fuite des capitaux due à un affaiblissement des ressources par une surexploitation et à la montée des revendications anti-esclavagistes, la ville s'endort au cours du XIXème.

Ballade dans Trinidad

C'est ce retrait du devant de la scène politique et économique qui a permis de conserver intacte la ville. Elle se réveille avec la construction d'une voie ferroviaire et des routes la reliant aux autres villes dans la première moitié du 20ème siècle.

Chanteur de rue

Les palais transformés en musée, les demeures en casas particulares, en paladares (restos) ou en galeries  d'art permettent une restauration régulière des bâtiments. La ville est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le revers de la médaille de tout ça, c'est évidemment le débarquement massif de cars de touristes certains jours et les sollicitations des quémandeurs dans la rue. Passer une seule journée dans cette ville doit laisser l'impression de se trouver dans une ville musée attrape-touriste !

Je pense qu'ici, il faut prendre le temps de s'imprégner de l'ambiance en marchant dans les rues pavées du centre sans voiture, en regardant à travers les fers forgés des vieilles demeures les fastes des temps anciens. Tout est là comme si c'était hier: la cristallerie et les lustres de Baccarat, l'argenterie, le mobilier colonial, la porcelaine des manufactures européennes, la broderie...

Maison coloniale

Rester la nuit permet aussi de voir que la ville veille tard, musique et voix dans les rues jusqu'à pas d'heure et se lève tôt avec les marchands ambulants qui  vantent leur produits à tue-tête. Dans cette ville, l'épicentre historique avec l'harmonieuse Plaza Mayor est calme et non le lieu d'animation principal. Il faut aller dans les quartiers populaires du nord pour voir les maisons en torchis ou surtout dans les rues du sud plus modernes pour rencontrer l'effervescence cubaine.

Rogelio nous indique un resto sympa à quelques pas de notre maison, face à la Iglesia de la Santísima Trinidad et de la Casa de la música. El paladar Esquerra deviendra notre fief nocturne...ce qui nous permet de lier des liens privilégiés avec les serveurs, le patron et un groupe de musiciens.

Pour notre anniversaire de mariage, je ne sais plus qui a vendu la mèche, ils nous font la totale : énormes gâteaux avec rhum flambé, bougies, extinction des feux et musique. Une telle gentillesse et une telle joie avec tous ces cubains, nos enfants et nos amis de Liladhoc valent tous les cadeaux du monde pour nos 16 ans ! Et en plus, on y boit un cocktail à base de rhum, citron vert et miel à tomber par terre... au sens propre comme au figuré tellement il se boit facilement. Son nom : Cancháchara !

Les alentours de Trinidad valent aussi la peine. Nous louons les services de deux guides en 4X4 pour monter dans le massif de l'Escambray. C'est plus prudent et ça nous permet d'atteindre des endroits interdits aux voitures particulières. La petite virée en montagne à Santiago avec la voiture de loc nous a aussi un peu refroidis ! Bref, nous découvrons les paysages magnifiques del Parque nacional de Guanayara avec sa végétation luxuriante de bambous, de caféiers, de pins, d'eucalyptus, de palmiers, d'orchidées...

Retour de la montagne

Le guide nous laisse ensuite à l'entrée d'un chemin pour une petite randonnée pédestre jusqu'au bassin El Vedado et une cascade sympathique où nous nous baignons joyeusement dans une eau glacée El Rocio. La balade est récompensée par un repas dans un paladar en pleine nature. Super journée !

Cienfuegos est une ville portuaire avec un centre colonial qui vaut le détour à 70 km de Trinidad. Cinquième ville du pays, elle vit d'une activité industrielle développée avec sa cimenterie, son usine pétrochimique et sa raffinerie de pétrole. Nous avons été déçus par notre balade sur le malecón (promenade le long de la mer) depuis la Punta Gorda jusqu 'au centre-ville. La mer est sale, l'esplanade sans réel intérêt sinon quelques palais, anciens casinos implantés par la mafia américaine sous Batista, bien rénovés. Par contre, nous avons apprécié le Parque José Marti, place principale entourée de beaux édifices de la fin du XVIIIème comme le théâtre Tomás Terry, copie d'un théâtre milanais, où le grand Caruso y fit ses vocalises !

Cienfuegos

Cienfuegos

Après cette visite dans la fournaise, la troupe commence à râler : marre des églises, marre des musées, marre de marcher...! Et en prime, Mathis est mis HS par une belle insolation.... Du coup, le programme du lendemain tombe à pic : balade en train dans la Vallée de los Ingenios.

Balade en train

De bon matin, nous nous dirigeons vers la gare de Trinidad d'où part un train touristique à vapeur pour el Valle de los Ingenios appelé encore vallée de San Luis. Inscrite au Patrimoine de l'Humanité, grâce à ses plantations sucrières où des milliers d'esclaves se tuaient à la tâche, elle fut un centre économique vital de l'île jusqu'en 1850, date fatidique de la chute du prix du sucre.

Le train sillonne doucement des paysages magnifiques jusqu'au village de Manaca où se trouve la Torre Iznaga de 43,5 m de haut érigée par le négrier du même nom en 1816. Au pied de la tour, des cubaines vendent leur linge brodé. Le trajet se poursuit ensuite jusqu'à l'hacienda Guachinango où nous déjeunons d'un pollo Doña Inès !

Ancienne exploitation agricole, la restauration de l'hacienda faite par l'Etat est plutôt réussie. Le site planté de manguiers, où les poules et les coqs courent sur les terrasses est reposant et offre une jolie vue sur un petit val en contre-bas. Bien que touristique, cette excursion est intéressante car nous longeons des villages dont nous découvrons l'habitât assez sommaire.

Notre dernière journée à Trinidad est consacrée à une excursion vers Santa Clara à 90 km de là, étape indispensable pour tous les amateurs du Che.

Plaza de la Révolucion Santa Clara

C'est à Santa Clara qu'un fait d'armes décisif pour la révolution cubaine eut lieu. Alors que Fidel Castro s'empare de Santiago, Raúl de Guantánamo, Che Guevara attaque cette ville. Alors que la ville et les révolutionnaires sont bombardés et en grandes difficultés en cette fin décembre 1958, le Che apprend qu'un train blindé rempli d'armes passera à Santa Clara. A l'aide de cocktails molotov et d'un bulldozer, les révolutionnaires prennent le train et se retrouvent pour la première fois autant armés que les troupes de Batista... Quelques jours plus tard, ils pénètrent à La Havane.

C'est sur la Plaza de la Revolución que s'élève la grande statue du Che et que l'on peut visiter aussi le mémorial de los Martires de la Revolución.

Le Ché, encore et toujoursBien que les vestiges coloniaux de la ville soient peu nombreux, elle mérite quand même une visite. Le museo de los Artes decorativos et le Teatro de la Caridad  sur le "Parque Vidal "valent vraiment le coup d 'oeil. Pour nous rafraîchir, nous faisons la queue devant Coppelia, le temple de la glace, un grand hall moderne où les cubains viennent déguster leur glace. Le caissier, car ici on paie avant d'aller chercher sa glace, essaie de nous arnaquer de quelques CUC en nous disant que les prix sont affichés en CUC alors qu'ils le sont en pesos... Hum, hum, heureusement que Steph manipule les chiffres car moi, je me serai bien laissée faire !

La route du retour vers Trinidad nous permet d'apprécier une dernière fois les paysages magnifiques du massif de l'Escambray. Une rencontre insolite avec un Mig laissé au bord de la route depuis bien longtemps nous a bien amusés !

Bref, ce séjour à Trinidad sera à l'image du reste de notre séjour à Cuba : Top !

« Nath second d'Humanes ! »

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